Joseph Kessel

 

Grand reporter et écrivain, Joseph Kessel n’a pas choisi son camp. Ou plutôt, si, il a choisi : le camp du narrateur, celui qui raconte.
Ainsi qu’il l’explique très bien dans la préface (j’en ai rarement lu une qui soit aussi belle, aussi pertinente, et qui donne envie d’attaquer immédiatement le livre), c’est après avoir vécu l’insurrection dans les rues de Barcelone lors de la guerre d’indépendance de la Catalogne qu’est né le besoin d’écrire Une balle perdue.

 

Barcelone la magnifique

Barcelone ne se contente pas de planter un décor ou de donner corps aux déplacements des personnages. Elle est un des personnages.
Elle vibre sous la plume de ce grand voyageur et journaliste qu’est Joseph Kessel. C’est quasiment un hommage qui lui est rendu.
Très présente, elle permet au lecteur (qui connaît la ville) de cartographier les événements ; associée au rythme de la narration, elle donne à chacun l’occasion de se représenter et s’approprier ces journées d’insurrection, d’en identifier les protagonistes.

 

Une écriture dense

Quand j’ai pris le livre en main, j’ai pensé que je lirais Une belle perdue en un rien de temps. Que nenni. C’est une écriture qui demande que l’on s’y plonge. Le survol des lignes n’est pas possible. Il faut « rentrer dedans ».
Certaines descriptions peuvent paraître longues. Mais elles permettent à cette insurrection « racontée de l’intérieur » de prendre corps.

 

La puissance de Kessel

J’adore Kessel. C’est mon chouchou, si je peux dire. Vais-je donc être honnête en parlant d’un de ses livres ?
Et bien, pour rester en transparence, ce que j’ai préféré du livre est… sa préface. C’est là que j’ai le plus retrouvé « La griffe Kessel ».

Mais les beaux passages restent nombreux. En voici un qui illustre cette intégration parfaite de Barcelone pour animer le récit : « Car la fusillade, tout à coup, les enveloppa de toute part.
Elle roulait du côté de la place de la République où veillaient les Mozos de Escuadra embusqués sur les toits. Elle martelait les quartiers neufs de la place d’Espagne que gardaient d’autres patriotes catalans. »

 

Et donc ?

Court et long à la fois, abrupt et descriptif, lyrique et journalistique. Une balle perdue offre mille facettes.
J’ai plus le sentiment d’avoir compris les factions espagnoles et catalanes durant ces insurrections que d’avoir lu un roman. J’étais un peu déçue à un moment donné (déroutée ?), mais au final, je sais que Une balle perdue fera partie  de ces livres que je garderai en mémoire.

 

Formats proposés à la bibliothèque

Le réseau des bibliothèques de Montréal propose Une balle perdue sous le format de poche classique uniquement.

Couverture de Une balle perdue de Joseph Kessel : peinture d'un visage qui crie face à un fusil

Quatrième de la Couverture de Une balle perdue de Joseph Kessel

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