Jean-Baptiste Andrea

 

Une fois de plus, Jean-Baptiste Andrea joue avec les mots et avec l’histoire.
On aime le thème ou pas : le livre décrit la vie dans un orphelinat indigne des années 1970 en France. Mais le contenu est là, riche et dense.
Pour synthétiser : Des diables et des saints est loin d’être un jeu de gamins ; c’est celui d’un virtuose. À plus d’un titre.

 

Des diables : une histoire sans complaisance

La vie dans l’orphelinat Les Confins est décrite crûment : des dérives de l’Église à la maltraitance ; des abus de pouvoir aux rébellions ; des yeux qui se ferment aux mains qui se tendent.
C’est une histoire de survie, de chacun pour soi. On pourrait dire que l’orphelin y est un loup pour l’orphelin.
Certains pourraient donc être rebutés par le sujet qui semble bien difficile au premier abord. Mais c’est aussi un récit d’amour et de fidélité sur fond de Beethoven.

 

Et des saints : la lumière malgré tout

Effectivement, tout n’est pas que noirceur. Au contraire. Parmi les lignes parfois difficiles, Des diables et des saints vibre de lumière. Et quelle lumière : celle des amitiés indestructibles et des espoirs infinis, celle de Beethoven et des pianistes virtuoses, celle de la vie qui continue malgré tout.
Le titre ne ment pas. Le livre aurait pu tout aussi bien s’appeler Ombres et lumières.

Comme dans chacune de ses œuvres, Jean-Baptiste Andrea offre une superbe palette syntaxique et lexicale : un vrai cadeau pour le lecteur.

Comment résister au plaisir de reporter ces quelques lignes :
« – Non, tu ne joueras jamais comme moi, mon garçon. Mais si ça continue, il y a plus grave. Tu ne joueras jamais comme toi.
Je sortis, ivre de ces premières colères de l’adolescence, les poings remplis d’éclairs qu’on lance au petit bonheur.»

Ou encore : « Mais tout le monde n’avait pas entendu le vieux Rothenberg. Quand lui touchait le clavier, il racontait la douceur du Rhin un soir de printemps, les nuits de Vienne et celles de Heiligenstadt, bleu feu d’artifice, noir désespoir, le silence qui gagne, tout ce que Ludwig lui avait confié. »

 

Un bon Jean-Baptiste Andrea (comme d’habitude…)

Peut-on classer des ouvrages ? Si on me demandait quel livre de Jean-Baptiste Andrea j’ai préféré, je laisserais Veiller sur elle en bon premier (il faut bien reconnaître que c’est un vrai bijou). Mais Des diables et des saints occuperait la seconde marche du podium.
J’aurais du mal à déterminer si je l’ai préféré à Cent millions d’années et un jour. Mais j’ai plus apprécié cette lecture que celle de Ma reine.

Des diables et des saints en a séduit plus d’un. On peut ainsi citer les distinctions suivantes : le Grand Prix RTL-Lire 2021. le Prix Relay des Voyageurs Lecteurs 2021, et le Prix Ouest-France-Étonnants Voyageurs 2021. Et c’est mérité.

Une lecture qui se termine. J’ai voulu entamer un livre sur un thème un peu plus léger. Mais voilà. Après trois cents pages d’une écriture aussi riche, je n’ai pas pu affronter la syntaxe famélique et le vocabulaire sans le moindre relief qui se sont retrouvés devant mes yeux : deux petites pages et puis s’en vont. Je vais devoir dégoter de la belle ouvrage à nouveau ! C’est la rançon des bons livres…

 

Formats proposés à la bibliothèque

Outre le format de poche classique, le réseau des bibliothèques de Montréal propose Des diables et des saints sous les formats suivants :

  • Version numérique
  • Version audionumérique
  • Livre parlant
  • Gros caractères

Couverture de Des diables et des saints, de Jean-Baptiste Andrea. Un jeune garçon en maillot, sur un rocher ou un radeau, lève les bras en direction de la mer et de l'écume. L'ensemble de l'image est dans les tons bleus.
Quatrième de Couverture de Des diables et des saints, de Jean-Baptiste Andrea. Un jeune garçon en maillot, sur un rocher ou un radeau, lève les bras en direction de la mer et de l'écume. L'ensemble de l'image est dans les tons bleus.

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